À PROPOS
« Nous sommes nous-mêmes mer, sable, coraux, algues, plages, marées, nageuses, enfants, vagues… mers et mères.¹ »
Placée constamment à la frontière entre deux mondes, Sonia Bazantay trace un parcours du design aux arts visuels, du vivant à l’irréel. Elle propose de nouvelles cohabitations, et se fascine pour la toxicité des matières : manipuler l’impur, c’est aussi donner forme au trouble, et à des survivances futures.
Depuis le sol qu’elle fertilise de pigments, céramiques, textiles, acier, terre, plastiques, cordages, encres et fards à paupières, elle déploie des compositions invasives à forte charge politique qui réfèrent à son rivage breton natal, la matière étant « une réflexion sur la ligne de faille entre paysage naturel et artificiel.² »
Son travail est aussi influencé par une myriade de sources, dans lesquelles elle puise pour réaliser ses « Dévidoirs-Balises, Cosmogrammes, Lignes Molles, Polypes, Bobines et Racines », et espaces immersifs : la mythologie, les métiers à tisser, les objets technologiques ; des premières maisons troglodytiques, aux maisons bulles des années 1960, ses récentes installations sont nourries d’une écriture environnementale où le design, la source première dont elle se sert pour faire corps avec la matière, donne vie aux textures et à ces mondes enfouis.
Son œuvre est une collision des esthétiques, de celle des territoires transformés par l’humain, qu’elle confronte à de nouvelles formes, des topographies fluides, incarnées par son rejet de la rationalité capitaliste et par la réflexion constante qu’elle lie notamment à celles de Donna Haraway et Astrida Neimanis dans leurs compréhensions de l’urgence écologique.
Sonia Bazantay nous offre la possibilité d’un souffle, face à ses mondes recréés, on imagine les flux et les reflux des vagues de la mer, ce qu’elles emportent, ce qu’elles déposent, les réseaux intimes qu’elle connectent et les corps qu’elles recréent, ce sont des corps « étendues d’eaux », naissants au sein d’espaces résilients.
Sonia Bazantay est née à Rennes en 1971, Diplômée de L’ESSA Duperré Paris « Mode et Environnement » et de la Parsons’ School de New York.
Laureen Picaut
Critique d’art et curatrice, 2023.
1 Hélène Cixous et Catherine Clément, « Sorties: Out and Out: Attacks/Ways Out/Forays », Newly Born Woman, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1986, p.89.
2 Sonia Bazantay, entretien avec l’artiste, 2023.
AXES DE RECHERCHE :
« Je vise la contamination des identités et leur ensemencement mutuel pour épouser les mutations du monde ». La pratique de Sonia Bazantay est le support d’un discours inclusif qui fusionne l’inerte et le charnel, le naturel et le manufacturé. Se confondent alors les frontières de l’être et du genre et de nouvelles formes émergent pour transformer notre regard.
Les paysages en « bascule », les intérieurs « sous la surface » nous invitent à faire corps, à nous déplacer dans des environnements où la nostalgie côtoie le rêve. Les structures inspirées des outils du géomètre, des métiers à tisser, ou de machines-outils aberrantes, témoignent d’un monde artificialisé mais aussi d’un devenir troublant. À nous d’être curieux, intrépides et aimants.
Sonia Bazantay a également développé diverses pratiques collectives en s’appuyant sur des savoirs faire spécifiques: notamment par la réalisation de projets au Japon auprès et avec des communautés pratiquant le Shou-Sugi Ban (Technique du bardage en bois brulé,) «The Meadows» (2017); ainsi qu’à travers «LOOM» (2018), pour des actions de tissage dans l’espace.
Aujourd’hui, le dessin et la sculpture, constituent la colonne vertébrale d’une recherche constante où Arts et Arts Appliqués se confondent. Elle vit et travaille à Montpellier.
BIOGRAPHIE :
Sonia Bazantay est née à Rennes en 1971, Diplômée de L’ESSA Duperré Paris et de la Parsons’ School New York. Un DSAA « Mode et environnement » la conforte dans une approche transversale des arts et des arts appliqués. Avec les années 2000, alors qu’elle se partage entre Paris et Milan, le design s’ajoute à la réalisation des scénographies: au sein de l’atelier d’Alessandro Mendini, pour Nelly Rodi, Caffarel, Diesel S.p.A.
Membre Consécutivement du Comité Français de la Couleur et du MIC (son équivalent italien) elle a contribué à de nombreuses réunions de concertation destinées à la filière textile et l’industrie. Cette expertise place notamment la couleur au cœur de sa pratique.
Depuis quelques années l’enseignement des Arts Appliqués et des pratiques autours du textile vient compléter cet itinéraire.
On the border between two worlds, Sonia Bazantay traces a journey from design to visual arts, from the living world to the unreal. To demonstrate her assimilation of it, she proposes new cohabitations: fascinated by the toxicity of materials, manipulating also the impure, she gives shape to disorder and future survivals. From the soil that she fertilizes with pigments, ceramics, textiles, steel, earth, plastics, ropes, inks and eyeshadows, she deploys invasive compositions with a strong political charge which refer to her native Breton shore, the material being « a reflection on the fault line between natural and artificial landscape.² » Her work is also influenced by a myriad of sources, from which she draws to create her Dévidoirs-Balises, Cosmogrammes, Lignes Molles, Polypes, Bobines, Racines, and immersive spaces. Mythology, looms, technological objects; from the first troglodyte houses, to the “Bubble Houses” of the 1960s, all her recent installations are nourished by environmental writings where design, the primary source she uses to become one with the material, gives life to textures and worlds from below the surface. Her work is a collision of aesthetics that of territories transformed by humans, which she confronts with fluid topographies, embodied by her rejection of capitalist rationality and by the constant reflection that she links to those by Donna Haraway and Astrida Neimanis in their understandings of the ecological emergency. Sonia Bazantay offers us the possibility of a breath, facing her recreated worlds, we imagine the ebb and flow of the sea waves, what they carry away, what they deposit, the intimate networks that they connect and the bodies that they recreate. Those are “watery bodies”, emerging within resilient spaces. Sonia Bazantay was born in Rennes in 1971, graduated from ESSA Duperré Paris specializing in Fashion and Environment and from Parsons’ School in New York.« We ourselves are sea, sands, corals, seaweeds, beaches, tides, swimmers, children, waves…seas and mothers.¹»
Laureen Picaut Critique d’art et curatrice, 2023.
1 Hélène Cixous et Catherine Clément, « Sorties: Out and Out: Attacks/Ways Out/Forays », Newly Born Woman, Minneapolis: University of Minnesota Press, 1986, p.89. 2 Sonia Bazantay, entretien avec l’artiste, 2023.RESEARCH AXIS:
« I aim for the contamination of identities and their mutual seeding to embrace the changes of the world ». Sonia Bazantay’s practice is the support of an inclusive discourse that amalgamate the inert and the carnal, the natural and the manufactured. The boundaries of being and gender then merge to transform our gaze.
Sonia Bazantay invites us to cross environments where nostalgia dwells with dream. The structures inspired by tools, looms, or rogue machines, evoke an artificialized world, but also a moving future. It is up to us to be curious, fearless and loving.
Sonia Bazantay has also developed various collective practices based on specific know-how: in particular by carrying out projects in Japan with and with communities practicing Shou-Sugi Ban (Technique of burnt wood cladding), « The Meadows » (2017); as well as through “LOOM” (2018), for weaving actions in space.
Today, drawing and sculpture are the backbone of constant research where Arts and Applied Arts all merge together.
BIOGRAPHY:
Sonia Bazantay is a contemporary French artist born in 1971. Graduated from ESSA Duperré Paris and Parsons’ School NYC., she received double training in both Fine Arts and Applied Arts. A higher Diploma of Applied Arts “DSAA fashion and environment » with the congratulations of the jury, strengthened her own transversal approach between Fine arts and Design. Adding her personal research to her experience in Design and Forecast Agencies, she created “out of standard” sets & spaces for Fashion.
From the end of the 90s to 2008, she shared a life between Paris and Milan, working with Alessandro Mendini, le Public Système, Mattel, Trudi, and Chicco. In the 2000s, she carried on creating specific environments for Nelly Rodi, Petit Bateau, Caffarel, Diesel, and other brands.
Consecutively a member of the French Color Committee and of the MIC (its Italian equivalent), she has contributed to numerous consultation meetings intended for the textile sector and industry. This expertise places color in particular at the heart of his practice.
Today, her action has focused on her practices and transmission. She lives and works in Montpellier.